Construire son ber d’atelier
Patrick ROUSSEAUX avait fourni un plan disponible sur le site de la classe M pour construire un ber d’atelier, Bernard s’en est fabriqué un qui m’a bien intrigué quand je suis allé lui rendre visite. Alors je me suis décidé à me construire le mien – en recherchant quelques idées pour en simplifier la fabrication.

L’idée du ber, c’est de disposer d’un support qui va permettre de vérifier ou d’ajuster les alignements du bateau. Cela concerne l’alignement de la coque, de la dérive, du lest, du safran en particulier. Il s’utilise quand on pose une nouvelle dérive, un nouveau safran, ou quand on fixe un nouveau lest, etc.
Le plan de Patrick étant clair, mais pas précis car aucune dimension n’est indiquée, je me suis lancé dans la fabrication du ber pour monter un lest que j’ai fondu.
Mon bateau avait en effet un lest dont l’inclinaison ne me plaisait pas, trop incliné à mon goût, ce qui me paraîssait freiner le bateau. Je me suis donc résolu à fondre un nouveau lest et pour le monter sur la dérive, j’ai réalisé ce ber.

Du point de vue matériel, voici ce dont j’ai eu besoin :
- Une planche d’étagère en sapin de 800x200x20 mm pour le socle
- Un tasseau en sapin de 35 par 20 mm et de 2 mètres de long – Il va me servir à rigidifier le socle et à confectioner 4 pieds à l’ensemble. Il va être coupé en 2 tasseaux de 800 mm de long, 4 tasseaux de 200 mm de long pour les pieds du socle
- 2 planches genres plinthes en sapin de 60×10 mm et de 2 mètres de long découpées comme suit :
- 4 sections de 160 mm de lont pour faire la base des potences
- 4 sectionss de 400 mm de long pour les potences
- 2 sections de 500 mm de long pour la partie mobile des potences permettant de régler en hauteur le bateau
- 6 sections de 125 mm de long pour assembler les bases des potences et les potences elle-même
- 1 tasseau de 20×15 mm et de 2 mètres de long pour faire les guides des potences verticaes et pour les deux supports de coque. Il est découpé comme suit :
- 4 sections de 350 mm de long pour les guides et
- 4 sections de 120 mm de long pour les supports qui sont taillés à 45° pour l’assemblage.
- 4 boulons de 5 de 70 mm de long
- 8 rondelles de 5
- 4 papillons de serrage
- 4 pieds réglables en diamètre de filetage de 10
- 4 écrous de 10
- 1 niveau à bulle en 2D qui sera fixé sur la base
- Des vis à bois
- 18 vis à bois de 30 en 4
- 4 équerres métalliques
- 16 vis à bois en 25 en 3
- De la colle à bois qui resiste à l’eau
L’outillage que j’ai utilisé :- Perceuse sans fil
- mèches de 2 pour les pré-trous, 5 pour les boulons et 10 mm (cette dernière pour le fraisage) – pour incruster les boulons de 10 pour les pieds, une mèche à bois de 16 mm
- Visseuse – c’est pratique et rend le travail plus facile mais ce n’est pas indispensable
- Equerre,
- Niveau à bulles
- fil à plomb pour les réglages du ber
- serre-joints pour les collages
- Serre-joints pour les collages à angles de 90°
- règle et crayon
- Tournevis
- Boîte à onglet pour découper d’équerre et à 45°
- Scie japonaise (une scie normale convient, mais je trouve la coupe à la scie japonaise vraiment précise)
La fabrication :
Le conception du ber s’est très largement inspirée des photos et du plan de Patrick – j’ai notamment repris l’idée de la fente, que l’on voit sur la photo de son ber, qui va permettre de vérifier facilement le parfait alignemet de la dérive et du lest en plaçant l’oeil à l’avant ou à l’arrière du ber. Mais pour simplifier la réalisation de la fente, j’ai utilisé deux lattes de 60 mm jointes ensemble mais séparées de 5 mm. D’abord j’ai assemblé le socle. C’est à dire la planche d’étagère avec ses 4 pieds, puis sur l’autre face les deux tasseaux qui vont servir de guide pour le déplacement des potences – la pose de ces deux guides doit être très soigneusement faite pour assurer un parallèlisme impeccable entre les deux tasseaux entre lesquels vont se déplacer les potences et le support de lest.
Le déplacement des potences permet de s’adaper à la longueur du bateau sur lequel on travaille en réduisant au maximum la distance entre les deux potences tout en permettant au lest de tenir en longueur.
Le socle va ensuite servir de guide pour assembler les potences. D’abord les bases, puis les potences elle-même. On place les planchettes à assembler à plat entre les guides. Elles sont alors séparées de 5 mm ce qui va constituer la fente de réglage (voir photo). Puis on colle la pièce qui les joint en travers. En procédant ainsi, on s’assure que l’assemblage coulissera bien entre les deux tasseaux guide et la pièce qui les joint sert de poignée.
Les potences sont ensuite assemblées à leurs bases avec les équerres métalliques.
Ensuite j’ai collé les guides verticaux. Puis assemblé les parties mobiles des potences.
On fait un perçage de la base avec une mèche de 5 et les planchette des potences également. On y place les boulons les rondelles et les papillons de serrage (voir photo).
Pour régler le tout, j’ai confectionné un fil à plomb pour poser les supports de guide de façon parfaitement alignés avec le centre du ber au niveau du lest.
Après un premier essai, j’ai renforcé les équerres métalliques, un peu trop souples à mon goût par des équerres en bois que j’ai découpées dans les chutes des planches de 60 mm utilisées pour confectionner les potences. Je les ai collées de chaque côté des potences. Enfin, j’ai posé les quatre pieds réglables (voir photo), en incrustant les boulons de 10, puis j’ai installé le petit niveau à bulle en 2D qui permet de régler les pieds de façon à ce que le plateau soit horizontal. Après quelques essais, j’ai ajouté un petit dispositif pour régler finement la verticalité des potences (voir photo niveau à bulle).
En complément j’ai confectionné un cadre permettant de placer le lest et de le déplacer entre les guides du socle (voir photo). Le cadre fait 125 mm de large ce qui permet de le déplacer entre les potences tout en conservant l’alignement parfait.
La fabrication n’a rien de compliqué. Un point critique toutefois est de prendre soin à tout aligner avec équerre, niveau à bulle, fil à plomb – car le moindre millimètre d’érreur, rend le ber inutilisable.
Pour vérifier le ber, j’ai utilisé un bateau dont je sais qu’il est parfaitement aligné. Et fort heureusement tout tombait d’équerre. Me voilà prêt à fixer mon lest à la dérive. Mais çà, c’est un autre sujet !
Merci à Patrick de m’avoir donné envie de me fabriquer un tel ber.

Ah, j’oubliais à nouveau, le coût ! 35 euros tout compris (hors outillage).



Patrick a eu la gentillesse de relire cet article et il a fait les observations suivantes que je vous recommande de prendre en compte pour réaliser un ber plus pro :
- Utiliser du medium plutôt que du sapin pour la base, car il est beaucoup plus stable que le bois
- Préférer le contreplaqué au sapin qui est top instable dans le temps
- Renforcer avec des barres métalliques plutôt que des tasseaux en sapin la base
- Assembler le tout sur un marbre (là ce n’est pas forcément facile de nos jours)

Le reportage de Kiki à Bordeaux

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