Interview de Christophe, notre nouveau champion du monde en M.
Après avoir remporté le mondial en M, Christophe a bien voulu répondre à quelques questions pour le site de la classe, voici nos questions et surtout ses réponses…
Christophe, tu viens de remporter un nouveau titre de champion du monde de la classe M après avoir fait sensation au cours de l’épreuve de classe 10R… C’est ton combien-tième titre mondial en M ?
C’est mon second titre en M, 35 ans après celui de Fleetwood en 1990. Je ne suis qu’à 50% de mon objectif, car comme tu t’en doutes, j’étais venu pour gagner les deux et mon 10 me l’aurait largement permis, si je n’avais pas cassé.
Et combien de Podiums ?
Deux fois second en 2018 derrière Brad et 2023 derrière Patrice. Pour les championnats de France, je ne compte plus…

Tu as gagné le titre cette année, sur le fil et à la dernière manche, suite à une remontée spectaculaire et haletante , où tu as grignoté des points à chaque manche, qu’est-ce qui a vraiment fait la différence ?
Je suis passé devant à l’avant dernière manche et j’ai confirmé à la dernière. J’ai fait la course derrière dès le départ, en subissant le tempo de Chris Harris qui survolait les débats sur la première journée et les matinées suivantes, je revenais ensuite à 4 points derrière les après-midis, ce qui lui mettait une grosse pression. L’avant dernier jour, j’ai dû faire face à un marquage britannique, qui m’a gêné pour remonter aux points.
Le marquage plus relâché de mes adversaires directes le dernier jour, leurs difficultés à me contrôler dans un vent instable, et un gain de vitesse et de chance m’ont permis de prendre l’avantage à la 18e et 19e course.
Cela restera un beau championnat sur l’eau avec du vent tout le temps en classe M, jeu A, B et C, 19 courses avec de grands parcours.

Après avoir navigué en Grunge avec succès pendant plusieurs saisons, tu as décidé de créer ton propre bateau, l’Expresso, qu’est-ce qui t’a guidé pour créer ce nouveau bateau ?
(plus léger que le Grunge ?)
(plus performant dans les petits airs que le Grunge ?)
Oui c’est exactement ça, le grunge est un peu trop lourd à mon goût, même s’il reste performant.
La philosophie de déplacement plus léger s’adapte mieux aux régates en France.
Et puis, la satisfaction est plus grande lorsqu’on gagne avec son propre matériel.
Après l’Italie, où ton bateau, l’Expresso, a performé aussi bien avec toi qu’avec Nicolas, quels sont les points que tu voulais améliorer sur ce bateau ?
L’expresso manquait de performance en jeu C et certains critiquaient le look de l’avant du bateau. Je suis à l’écoute et quand les observations sont récurrentes, j’améliore le dessin. L’amélioration de l’esthétique, la polyvalence dans tous les types de temps était donc l’objectif de ce nouveau modèle. Je pense que c’est réussi et le titre est là pour apporter la cerise sur le gâteau.
Tu avais frôlé le titre en Italie avec ce bateau, il y a deux ans, Patricio en tremble encore, penses-tu que tu aurais gagné avec l’Express, ton nouveau design ?
Je pense que je devais gagner avec l’expresso déjà, mais ayant abandonné aux 2 premières courses pour avarie, c’est très difficile de revenir sur un total de 10 courses, surtout que Patrice était particulièrement inspiré. Mais je ne désespère pas en gagner d’autres…
Outre être le meilleur skipper au monde, tu te révèles être un créateur hors pair, et en ce sens, tu es un digne représentant du génie français qui a énormément contribué à la classe M mais aussi en 10R où cette année tu t’es aligné avec un bateau révolutionnaire… Dis nous un peu ce qui t’a conduit à imaginer ce bateau…?
Il faut savoir que ce titre est provisoire, avec remise en jeu dans 2 ans j’espère…
En effet, une certaine maturation et 40 ans d’expérience me permettent de recoiffer les lauriers dans cette discipline qui nous est chère.
Je pense que faire rayonner le génie Français au travers d’innovations devrait être un mantra pour chacun de nous et ainsi honorer tous nos glorieux prédécesseurs. Mais cela demande beaucoup de temps, beaucoup de travail et d’importants investissements.
Heureusement, il y a dans notre pays plein de gens qui innovent et construisent avec enthousiasme et inspiration, cette émulation fait qu’aujourd’hui la France est le pays champion de la VRC, des skippers titrés, des constructeurs reconnus et passionnés, des arbitres incontournables, des clubs dynamiques et un encadrement associatif qui travaille sérieusement pour faire perdurer notre passion. J’apporte volontiers ma contribution, afin que nous gardions ce titre au pays où il fait bon naviguer en VRC.
L’idée de ce classe 10 remonte, aux années 80 ou je pratiquais la planche open Division 2, quelques bords de près sur la tranche avec ma DB2 m’ont permis de comprendre tout le potentiel que pouvait avoir ce type de navigation pour un monocoque sans foils. En 1992, j’avais fait un prototype en classe M, puis en 1998, j’ai fait le championnat du monde M à Viry-Chatillon avec un Shogo a gréement basculant qui ne m’avait pas apporté satisfaction, beaucoup trop d’incohérences et un vent trop fort avait eu raison de mon résultat.

Le projet s’était donc refermé sur un échec, le manque de temps et d’envie ne m’avait pas permis de rebondir sur ce concept. 25 ans plus tard, une démangeaison re-faisait sa réapparition dans mon esprit, une idée fixe qui ne voulait pas mourir, qui me disait d’aller au bout de ce projet et voilà ! La D2 10r était en construction, j’ai racheté le bateau et l’ancien moule du Tulorapa de Philippe Debord qui correspondait à ce que je recherchais pour lui donner une nouvelle vie, beaucoup de réflexion sur le système de basculement et en avant. Un concept radicalement différent et original qui permet en plus d’aller plus vite de renouer avec les premières impressions des vitesses impressionnantes que sont capables d’atteindre nos Voiliers RC.

J’imagine que c’est difficile à piloter, surtout quand le bateau est éloigné, n’est-ce pas ?
Je pense que ça nécessite de la pratique, donc de l’entrainement, c’est une façon différente d’appréhender la navigation, c’est plus difficile à piloter, mais c’est tellement plus amusant…

Vas-tu naviguer avec ce bateau à Bordeaux à la fin du mois ?
Oui, le CVBL c’est mon club et l’EURO-TRANS CUP est la plus importante de l’année pour les Bordelais.
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