Technique

Le réglage de la position du mât

On a vu le choix du gréement selon la force du vent du jour de façon à obtenir un angle de gîte de 30 à 35 degrés en remontant au vent pour maximiser la performance du bateau. Toute perte de contrôle du bateau doit vous inciter à réduire la toile et à changer de gréement. Avec quatre gréements, et s’ils sont bien adaptés, vous pouvez tirer le maximum de votre bateau pratiquement tout le temps de 0 à 30 noeuds de vent. Les seules exceptions, ce sont dans les tous petits airs et quand vous essayez de garder le gréement A trop longtemps. On verra ces cas dans de futurs articles. Concentrons-nous pour le moment sur la recherche de la position du mât idéale.

La première chose à faire pour régler votre bateau, le gréement étant choisi, est de déterminer la position du mât qui convient. C’est aussi la dernière chose à vérifier, quand vous avez réglé le bateau. Autrement dit, régler son bateau est un processus itératif. Quand vous avez fini, il faut tout reprendre depuis le début et tout vérifier à nouveau. Rappelez-vous qu’une modification peut entraîner des tas d’autres ajustements. Bon, quelle est a bonne position du mât ? C’est probablement différent pour chaque gréement et pour chaque angle de gîte (de 10° en 10°). Pour piger cela, il faut revenir aux bases du réglage du bateau pour le près serré.

Normalement, un bateau devrait être légèrement ardent au près. Celà permet de remonter au près le mieux possible et de tirer parti des adonnantes quand elles surviennent. Par “légèrement”, je veux dire qu’il ne doit pas être nécessaire d’actionner le safran pour maintenir le bateau au près, mais que le bateau doit accélérer pendant quelques longueurs sans lofer dans la risée, puis lofer tout seul jusqu’à ce que le penon de foc décroche ce qui va vous obliger à laisser porter très légèrement. C’est le réglage tip top pour remonter au vent. Le bateau est alors vivant et très sensible. Vous êtes alors obligé d’être concentré sur sa conduite non stop, pour ajuster le safran au moment où c’est nécessaire (ou mieux juste avant que ce soit nécessaire). Si le bateau est trop ardent, vous avez l’impression de vous “battre” avec le bateau – c’est de fait ce que vous faites dans ce cas. Si il évolue comme sur un rail, son comportement est neutre ou voire mou. Dans ce cas le bateau ne remonte pas bien, surtout dans les petits airs. Si le bateau est vraiment mou, on ne peut pas remonter correctement au vent et vous allez “morphler” dans les petits airs. Si vous avez compris la relation entre le cap et la propension du bateau à être ardent, félicitations ! Vous avez la réponse à la question qu’on se pose le jour où on se dit “mon bateau ne fait pas de cap”.

Le fait que le bateau soit ardent est le résultat de l’action de deux ensembles de forces qui agissent sur le centre antidérive du bateau (CLR). Un ensemble de ces forces tend à faire abattre le bateau, l’autre ensemble tend à faire remonter le bateau au vent. Si les forces qui font abattre le bateau sont moindres que les forces qui le font remonter au vent, vous aurez un bateau ardent.

Les forces en jeu sont la force latérale exercée sur les voiles d’une part ; la force qui fait avancer le bateau et la force qui s’exerce sur la coque sous le vent du fait de la gîte d’autre part – le moment de cette force doit être compté entre le centre de poussée du plan de voilure CE et le centre antidérive CLR. Elle s’exerce en avant de celui-ci et fait abattre le bateau. Les deux autres forces s’exercent sous le vent du cenre anti dérive et par conséquent font pointer le bateau dans le vent. Si ces deux composantes ne sont pas égales, il faut compenser au safran pour maintenir la trajectoire du bateau. Ces forces dépendent de la force du vent, de la forme des voiles, de la surface des voiles, etc. La pression sur la partie sous le vent de la coque dépend de la vitesse du bateau, de sa forme, de la dérive latérale, etc. Mais on va laisser ces facteurs de côté. Par contre les deux facteurs que l’on peut régler ce sont ceux qui font pointer le bateau ou qui le font abattre.

Les forces qui font avancer le bateau sont modifiées de deux façon. On peut changer de gréement ce qui affecte la hauteur du centre de poussé vélique (CE), et l’angle de gîte. Un gréement plus grand rendra le bateau plus ardent et inversement. On peut aussi modifier le réglage des voiles ce qui va modifier l’angle de la gîte. Si le bateau gîte plus, il va pointer plus et sera plus ardent. C’est d’ailleurs ce qu’on exploite quand on contourne des marques ou quand on effectue une pénalité. Mais vous avez sûrement observé que vous serez très pénalisé si vous tentez d’abattre sans choquer les écoutes alors que votre bateau gîte.

Les forces latérales peuvent aussi être affectées de deux façons. Si on abat sans choquer les voiles, le centre de poussée est légèrement avancé, Le couple qui fait abattre le bateau diminue ce qui accroit la tendance du bateau à pointer. Si le bateau pointe dans le vent, le centre de poussé vélique avance ce qui augmente le couple qui fait abattre le bateau. C’est pour celà qu’on peut régler son bateau pil poil pour qu’il navigue tout seul comme sur des rails. Si il est très agréable de piloter un tel bateau, il faut faire attention car le bateau réglé ainsi ne pointe pas autant qu’un bateau légèrement ardent. La seconde méthode pour modifier les forces qui font abattre le bateau c’est de modifier la quête du mât ou sa position. Si on déplace le mât vers l’arrière, on accroit sa tendance à pointer dans le vent, si on le déplace sur l’avant, on diminue sa tendance à pointer haut. On a donc une méthode pour régler le comportement du bateau au près de façon à optimiser son comportement.

Il y a un moyen simple à retenir quand on a des soucis de comportement du bateau, s’il ne fait pas de cap. La tendance à être ardent dépend de la position et de la forme de la chute de grand voile. Si la chute est trop avancée, le bateau ne fera pas de cap, si elle est trop en arrière, le bateau va être trop ardent. Si les voiles sont beaucoup vrillées, l’angle de gîte sera moindre, le centre vélique sera avancé, et le mât devra être avancé pour compenser. Si les chutes sont fermées, le batau va beaucoup gîter et le centre vélique va se déplacer vers l’arrière ce qui va faire pointer le bateau excessivement. Le mât devra être avancé pour compenser.

Quand vous naviguez avec un angle de gîte optimal de 30 à 35 degrés, faites des essais de position de mât jusqu’à ce que vous obteniez le comportement idéal. Et rappelez-vous que pour trouver la position idéale, les voiles doivent être bien réglées. Pour se réperer, il faut que la chute de la voile soit parallèle à l’axe longitudinal du bateau sur le tiers arrière de la voile – et en regardant le bateau par l’arrière, la chute du foc doit être parallèle à la chute de la grand voile et suffisamment à l’extérieur pour que le couloir soit correctement ouvert. Cela vous donne un point de départ pour la position du mât et vous pouvez jouer dans les deux directions sur 2 cms. Le bon réglage est à 1 cm près. Vous recherchez la position du mât qui rend votre bateau légèrement ardent – à ce moment, le bateau est presque comme sur des rails avec un angle de gîte de 30 à 35 degrés. J’ai remarqué qu’il faut déplacer le mât de 1 cm vers l’avant pour chaque 10 degrés de gîte supplémentaire. A vous de voir de combien il faut déplacer le mât pour votre propre bateau. N’oubliez pas de le faire pour chacun de vos gréements. Si vous ne pouvez pas vous en rappeler, notez cela sur un bloc note ou votre téléphone. C’est d’ailleurs une excellente pratique de tout noter de ses réglages.

Source : Canadian Radio Yachting Association Bob Sterne article original 2002

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