Régler son bateau
Cet article traite du réglage des voiles en Voile Radio Commandée. Il est publié suite à l’autorisation de l’éditeur de la revue Model Boats, Martyn Chorlton qui avait acquis les droits sur ce document. Il a été écrit par Peter STOLLERY
Quelque soit le support avec lequel vous naviguez, le plaisir de le voir naviguer et de bien le manoeuvrer dépend de la façon dont vous en réglez les voiles avant de le mettre à l’eau puis de comment vous allez maîtriser la radio une fois que le bateau est à l’eau (Photo 1).
Avec un peu de chance, les trucs que je présente dans cet article vont vous permettre d’éprouver ce plaisir que l’on ressent quand son bateau navigue bien. Ils s’appliquent à tous les modèles de bateau qui naviguent sous foc et grand voile peu importe leur taille ou la classe. Qu’ils soient gréés de façon conventionelle avec haubans et barres de flèche, bas haubans, en gréement sans haubans ou encore en balestron, le vent s’en moque et ne fait pas la différence quand il souffle dans les voiles (Photo 2).
Avant d’aller sur l’eau
Vérifiez toujours vos réglages avant de mettre à l’eau. Partons du principe que le mât se trouve bien positionné là où le concepteur l’a prévu et qu’il est plus moins vertical, alors les réglages suivants doivent être faits :
- réglage du creux des voiles,
- réglage de l’ouverture des bômes,
- et réglage du vrillage des voiles.
Avant de modifier quoi que ce soit, allumer l’émetteur et le récepteur et bordez les voiles comme pour naviguer au près serré. Référez vous au “guide de réglage simplifié” illustré par la Photo 3.
Creux des voiles
Le creux de la grand voile doit varier de 2,75 à 4 cms de profondeur maximum avec moins de creux au fur et à mesure que le vent forcit.
Le creux du foc devrait être un peu moindre que celui de la grand voile.
Mesurez le creux là où il est le maximum dans la grand voile et non au niveau de la bôme seulement. Les grand voiles ont des creux plus ou moins prononcés selon le voilier qui les a conçues. N’oubliez pas qu’une voile conçue avec beaucoup de creux peut très bien nécessiter une bordure tendue au niveau de la bôme.
On règle le creux en jouant sur la cambrure du mât avant-arrière pour la grand voile et surtout sur la tension de la bordure des voiles pour la grand voile et le foc.
Angles des bômes
Votre réglage au près devrait être tel que l’extrếmité de la bome de la GV soit proche de l’axe longitudinal du bateau, alors que la bôme de foc devrait être plus ouverte comme ceci est indiqué sur le diagramme suivant (la grand voile est en jaune, le foc est en bleu en coupe, vue de dessus) :
Réglez le creux du foc de façon que l’angle formé par la chute ne renvoie pas dans la grand voile car cela va provoquer le dévent de la grand voile et ce n’est pas bon du tout. Cas 1 des photos – le foc est trop creux.
Le vent doit pouvoir s’écouler dans le couloir entre foc et grand voile sans y en être empêché.
Vrillage de la voile
Alors qu’il est bon que les bômes soient bien angulées pour encourager le flux d’air entre les voiles, il est primordial que le couloir soit bien ouvert tout du long de la fente au niveau de la chute du foc, cela va faciliter le courant d’air autour de la grand voile et de sa face sous le vent (extrados) – et par conséquent augmenter sa puissance.
Réglér d’abord le vrillage de la grand voile. Ce vrillage varie en fonction des conditions de vent, avec plus de vrillage dans les petits airs et dans la brise – mais dans des conditions moyennes, un rapport de 1 à 40 est une bonne base (soit 40 mm d’ouverture pour une chute de 1,6 mètre). On effectue cette mesure entre une ligne directe entre le bout de la bôme et le haut de la chute de la grand voile (cela correspond au pataras d’un balestron) voir le diagramme 3. Sans vrillage comme en 2, celà donne un beteau un peu lent qui remonte très bien mais qui manque de vivacité. Trop de vrillage comme en 1 donne aussi un bateau lent parce que la voile fasseye et que les turbulences occasionnées vont ralentir la progression du bateau, mais notez que c’est moins pénalisant que trop peu de vrillage (Photo 5).
Ensuite, réglez le vrillage du foc, en supposant que la tension d’étai soit suffisante, il faut vriller le foc pour que cela corresponde au vrillage de la grand voile. Si l’axe de rotation de la bôme de foc est à 20% de sa longueur en partant de l’avant du bateau, la balancine de foc doit être réglée de façon que la chute du foc soit plus ou moins parallèle à la chute de la grand voile, à l’exception du milieu de la chute qui doit être un petit peu plus ouverte comme en 3. En 1, il n’y a pas de vrillage du foc et le couloir entre les voiles est fermé ce qui empêche le flux d’air de passer librement vers la grand voile. Si vous avez un doute, ouvrez la chute soit en choquant l’écoute de foc, soit en tendant un peu plus la balancine de foc.
Pour obtenir le bon réglage, il faut obtenir un bon équilibre des tensions de façon que les voiles travaillent bien ensemble. On obtient celà en testant les voiles dans le vent (photo 6).
Test du réglage
Testez votre réglage au près serré en tenant votre bateau dans le vent comme si il naviguait au près serré avec les voiles pleines. Orientez le bateau dans le vent et notez quelle est la voile qui fasseye en premier. Avec un bon réglage, les deux voiles doivent commencer à fasseyer en même temps dans la partie grisée du schéma.
Si c’est l’avant des voiles qui fasseye en premier, réduisez le creux des voiles jusqu’à ce que les voiles fasseyent ensemble. Si c’est la grand voile qui fasseye en premier, ouvrez le couloir en choquant l’écoute de foc ou tendant la balancine du foc.
Faites ce test plusieurs fois et ajustez votre réglage jusqu’à obtenir le résultat parfait.
Vérifiez toujours votre réglage avant de mettre à l’eau et adaptez votre réglage pour les conditions du jour qui sont toujours différentes et changeantes.
Girouette et pénons
Ce sont deux instruments qui vont vous aider à détecter la direction du vent et donc à régler vos voiles pour vous adapter aux changements incessants de direction et de force du vent. La girouette et les pénons. Sans eux vous êtes comme aveugle et vous ne savez pas ce que le vent fait de là où vous êtes (photo 7 & 8)
Réglage du gréement
Toutes les illustrations montrent ce qu’est un gréement bien réglé et ce paragraphe décrit de façon détaillée comment l’obtenir. Les gréements balestrons, dont le balestron tourne autour du mât, plutôt que le mât tournant lui-même, sont les plus simples à régler, car les forces sur le foc, équilibrent comme par magie les forces qui s’exercent sur la grand voile. Une fois que la cambrure des voiles est réglée et que l’écoute du foc est réglée pour la fente entre foc et grand voile, il n’y a plus qu’un seul réglage à toucher, c’est le tendeur de l’étai en haut du foc qui permet de régler le vrillage des voiles dans les deux voiles en même temps. Autrement dit quelque soit la tension dans l’étai, le couloir entre le foc et la grand voile demeure correct.
C’est le cas du bateau qui ressemble à une bouteille dans les illustrations du haut de cet article ainsi que la plupart des gréements des “Footy” (photo 9). Bien que ces voiles soient coupées sans creux et avec un tissu recouvrant le mât en deux épaisseurs de tissus polythene léger, le creux peut être réglé le long du mât tout comme on ajuste le creux à la bordure de la voile le long de la bome (photo 10). A propos, les règles de la coupe de l’America, exigent que les voiles soient ainsi coupées en double face pour la grand voile.
Pour un classe M et son balestron, en plus de régler la tension de l’étai, on règle finement la balancine de foc pour régler pil poil la fente entre foc et grand voile. L’équilibre entre les deux voiles permet de plus de régler la tension des chutes par la radio tout en naviguant (Gizmo/Bresmo) (photo 11).
La plupart des balestrons utilisés en classe M et dans les autres classes, ont des bomes avant et arrière fixées au mât qui tourne dans le puits de mât et bien que chaque voile doit être réglée séparement, du moins le réglage demeure inchangé quand vous rangez le gréement ou que vous le ressortez de sa housse. Je conseille toutefois de détendre les guindants avant de ranger les voiles pour supprimer les tensions dans les laizes.
Le réglage des gréements classiques est bien plus complexe, car il y a tant de réglages qui doivent être faits avant même de commencer à régler les voiles. Voici par exemple un IOM dont le gréement est installé en suivant les conseils du concepteur et de son guide, dont tous les points de réglages sont marqués avec une étoile verte (photo 12).
Une fois le mât en place, les haubans doivent être installés et c’est très important qu’ils soient réglés avec une tension identique. On peut le vérifier avec son doigt et son pouce pour chacun des haubans de façon que la distance qui sépare le hauban du mât soit la même des deux côtés (photo 13).
Ceci fait, il est nécessaire de pouvoir reproduire cette tension et cela peut se faire au niveau de la cadène en ajustant le réglage de tension du hauban comme on le voit sur la photo 14 sur le pont d’un magnifique classe J en bois ENDEAVOUR – ce réglage peut être bloqué de façon à reproduire à chaque fois la même tension.
Le mât est réglé longitudinalement par l’étai et le pataras. Le but est d’obtenir une courbe du mât en léger “S”, un peu sur l’arrière à la base du mât, se courbant vers l’avant jusqu’au point d’amure de l’étai, puis sur l’arrière jusqu’au point d’accroche du pataras. L’étai doit être tendu et pour ce faire il faut tendre le pataras en conséquence.
Quelle tension doit-on mettre dans le pataras ? Cela dépend de la coupe de la voile qui doit être adaptée au mât. Le guindant de la grand voile doit suivre la courbure du mât. Si on tend trop le pataras, des plis vont apparaître et la chute de la grand voile sera détendue. Si on n’en prend pas assez, la grand voile va être très creuse et sa chute va être très tendue comme on le voit sur le schéma de comparaison des tensions de chute (2). Ce qui vient d’être dit suppose que l’on n’a pas de cale de mât.
Si vous avez une cale de mât, elle sert à trouver la bonne cambrure du mât. La cale peut être réglée de façon que quand la grand voile est débordée au vent arrière, le hale-bas est soit tendu, soit légèrement détendu.
Le hale-bas est un réglage clé et son réglage dépend des conditions de vent du jour. Dans les petits airs ou des conditions “charlot”, que l’on rencontre souvent sur les petits lacs où on navigue, peu de tension est toujours mieux que trop de tension. Le hale-bas tend la chute de la grand voile et ce faisant, il réduit la tension relative du guindant de la grand voile – c’est pourquoi ce réglage doit être ajusté pour conserver un bon équilibre des tensions de guindant et de chute de la grand voile.
Enfin il y a une dernière chose à vérifier, c’est que le foc soit bien établi et que le contrepoids de la bome de foc est suffisant pour qu’il ne contrarie pas le foc qui doit être équilibré. Le foc doit empanner facilement et ne pas se mettre à contre au près quand le vent tombe (photo 15).
Sur l’eau
Il est temps maintenant de mettre à l’eau et de tester le réglage car un bon réglage fait à terre ne constitue qu’une part de la performance du bateau. Tous les efforts que l’on vient de faire seront perdus si le réglage des voiles n’est pas adapté aux conditions changeantes sur le lac sur lequel on va naviguer. Il faut toujours ramener le bateau et rectifier le réglage si on n’est pas entièrement satisfait du comportement du bateau. Les meilleurs skippers ramènent leur bateau et apporte des modifications à leurs tensions peu après avoir mis à l’eau pour s’assurer que tout est ajusté parfaitement aux conditions qui changent sans arrêt bien sûr !
Pour naviguer au près, il ne faut pas seulement border à fond les écoutes et barrer le bateau. Dans toutes les conditions de vent, choquer les écoutes permet de relancer le bateau juste après un virement de bord, par exemple. Dans les tous petits airs, votre girouette et vos penons pourront vous indiquer que le vent vient un peu de côté et qu’il faut choquer un peu les écoutes pour accélérer. Pointer tout le temps est souvent lent et ne permet pas de tirer avantage de ces bascules. La vitesse est primordiale dans ces conditions – alors il faut éviter les coups de barre qui freinent le bateau.
Au vent de travers, il est très important de choquer les voiles pour éviter que les voiles déventent et perdent de leur efficacité. Si la girouette en tête de mât fait un angle prononcé par rapport au haut de la grand voile, choquer la voile, elle est trop bordée. Si le penon du bas sous le vent du foc ne vole pas correctement, l’air qui souffle sur l’extrados est ralenti et les voiles sont trop bordées. C’est une erreur très courante que font la plupart des navigateurs quelque soit la taille du bateau, pas seulement en voile radio commandée. C’est si tentant pour un skipper de voile radio commandée de pousser le levier à fond dans l’excitation de la régate pour aller plus vite, mais en fait, les voiles déventent et le bateau va moins vite. Trop choqué, les voiles ne portent pas, pas assez, l’air est ralenti et le bateau avance beaucoup moins vite
Si vous avez un doute, alors choquez les voiles !
Au portant, les penons ne servent pas à grand chose, mais il faut avoir l’oeil sur la girouette pour vous assurer d’être toujours sur la meilleure panne. Essayez de naviguer dans un flux non perturbé par les bateaux qui vous suivent qui vont sûrement vous déventer pour vous faire ralentir et vous rattraper.
Regardez et discutez avec les meilleurs skippers
On ne peut qu’insister sur le fait d’avoir un bon réglage. C’est capital pour les régates où les bateaux sont pilotés par des girouettes (sans radio), car bien naviguer avec de tels bateaux est une question de réglage des voiles, d’équilibre entre les deux voiles et de bon réglage du système de barre/girouette. Les skippers de cette discipline sont des règleurs hors pair et vous ne les verrez jamais avec un mauvais réglage quand ils courent en voile radio commandée. Regardez donc comment sont réglées les voiles des meilleurs skippers et reproduisez leurs réglages, n’hésitez pas. La plupart seront trop contents de vous montrer comment ils font. Alors posez leur des questions sans hésiter.
Un commentaire
woolfi
la notion de « couloir » est dépassée depuis belle lurette il n’y a pas de « couloir » comme si le vent s »engoufrait entre l’intrados du foc et l’extrados de la GV, en réalité c’est une enveloppe globale, le foc est un volet de bord d’attaque du système foc/grand voile sachant que le réglage du foc est primordial.